Artistes et Créatifs/Artistas e Criativos/Artists and Creatives/Artistas y Creativos

12/23/2006

UNE «CHAUVE-SOURIS» À L’AILE… CASSÉE

Comme chaque année, à l’occasion des fêtes de Noël et de fin d’année, le Théâtre du Capitole nous offre une opérette.
Cette année, Nicolas Joël, directeur que nous regrettons déjà (Nicolas Joël quittera en 2009 la ville rose pour la ville lumière, pour diriger l’Opéra de Paris), nous fait cadeau de l’œuvre lyrique majeure de Johann Strauss fils : «Die Fledermaus» («La Chauve-souris»).
Après le plaisir d’écouter l’ouverture, par la baguette de maître du grand maestro Günter Neuhold (directeur musical qui est un habitué de la maison), le rideau s’ouvre sur un décor d’époque qui annonce une mise en scène conventionnelle.
Et cela ne nous déçoit pas : malgré l’équipe de grande qualité réunie avec soin autour des artistes de la maison (orchestre, chœur et corps de ballet), «La Chauve-souris» arrive à peine à s’envoler.
Première déception : même si c’était prévisible de retrouver «Die Fledermaus», ce chef d’œuvre de l’opérette viennoise, en version française (chantée donc dans la langue de Molière, plutôt que dans la langue de Goethe), les connaisseurs seront un peu perplexes en découvrant que l’action ne se passe plus du tout à Vienne, mais à Paris et dans sa banlieue ! Et que la maîtresse de maison, Rosalinde, répond au nom de Caroline.
Si d’un côté il est compréhensible que la version française rende l’œuvre plus accessible au public français, de l’autre nous regrettons l’absence de sous-titrage (les registres très aigus rendant difficile la compréhension du texte).
Rosalinde, ou son alter ego français, Caroline, est interprété de façon pétillante par l’élégante Sophie Marin-Degor (ou Cécile De Boever), accompagné par son mari, Gabriel von Eisenstein, chanté et joué de façon exquise par Patrick Raftery, et de son aspirant à amant, Alfred, chanteur – ténor «à l’Opéra du Capitole de Toulouse» (confession dans le 3e acte, qui nourrit un sketch comique avec Frosch, le gardien de la prison), chanté brillamment par Sébastien Droy. Mais ce sont les rôles d’Adèle et du Prince Orlofsky, chantés et joués, respectivement par Jaël Azzaretti (ou Laure Crumière) et par le contre-ténor Max Emanuel Cencic, qui nous émerveillent par leurs voix riches, des aigus pleins d’expression et d’une beauté troublante.
De cette équipe d’exception font aussi partie Michel Trempont, dans le rôle de Franck, Didier Henry en Docteur Falke, Ricardo Cassinelli en Docteur Blind et les rôles parlés d’Ida et Frosch. Celui-ci, incarnant un gardien de prison décalé et bouffon, nous bouleverse au début du 3e acte avec ses sketches époustouflants d’humour, d’une actualité et ténacité pointues, qui nous disent que peut-être Jean-Louis Grinda serait plus à son aise dans des mises en scène de théâtre non lyrique.
Parce que la mise en scène est le talon d’Achille, ou mieux, l’aile brisée de notre «Chauve-souris».
Une opérette avec une mise en scène point innovatrice, c’est une chose à laquelle nous sommes habitués. C’est comme la médiocrité générale de la danse sur la scène lyrique, qui se répète encore ici, avec des petits intermezzos chorégraphiques, assumés avec patience par les danseurs du Ballet du Capitole. Moments dansés qui se veulent amusants, mais qui ne font que basculer un grand moment de théâtre lyrique dans un terrain proche de l’«entertainment» d’une télé-réalité.
Mais revenons à la mise en scène : Jean-Louis Grinda signe ici, malgré la qualité des artistes, une direction d’acteurs sans intérêt et de peu de soin.
Si dans le 2e acte – le bal chez le Prince Orlofsky – nous avons des échantillons de personnages d’époque, pleins d’exotisme, ce ne sont que des essais non aboutis, qui lancent des idées, qui auraient pu être intéressantes, si développées !
Et cela est une constante de la mise en scène : dans le 1er acte, les tables et fauteuil qui s’élèvent dans l’air sans explication, nous démontrent les possibilités infinies de la machinerie de décor du Théâtre du Capitole, mais nous donnent des effets, fort esthétiques, mais totalement injustifiés ! Tout comme la présence, dans le 3e acte (la prison), en plan élevé, d’un rappel du décor du 1er acte (le salon des Eisenstein).
À ajouter à une direction d’acteurs insipide, et à des effets incongrus, nous avons le total manque de préoccupation du détail, qui brise, chez le public, toute capacité de se laisser prendre par ce moment de rêve, que nous réussissons tout de même à avoir, grâce à la qualité des artistes et de l’œuvre:
une porte fermée, par une main inconnue, mais bien visible, derrière une artiste qui rentre en scène, nous laisse penser que la maison des Eisenstein est peut-être hantée ; un tapis qui se plie et se replie sous les pas de l’artiste, nous parle de la difficulté de le fixer au sol (quand une importante équipe technique a tous les moyens de le faire) – surtout que la scène devient territoire piégé pour les artistes-interprètes ; un gâteau à la crème qui ne laisse aucune trace sur la robe de l’artiste, bien qu’elle soit dessus (une simple attention au placement du gâteau suffirait à le rendre crédible) ; une prison avec des confettis en avant-scène, témoins oubliés du bal de la scène antérieure…
Et comme ceux-ci, les détails sordides se suivent. Non que les détails sordides soient inacceptables, si au moins ils étaient conscients et voulus !
Jean-Louis Grinda signe une mise en scène médiocre et sans intérêt, pas à la hauteur du Théâtre du Capitole et de son public connaisseur.
Heureusement Johann Strauss nous a laissé une œuvre qui survie à tout cela, et avec son équipe d’artistes de haut niveau, «La Chauve-souris» arrive à nous faire rêver.
Merci.

Théâtre du Capitole – Toulouse
23, 24, 27, 28, 29 et 31 décembre 2006 à 20h ; 25 et 30 décembre à 15h.
http://www.theatre-du-capitole.org/

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12/17/2006

L'ABC appelle à l'aide!!! SOUTENONS L'ABC!

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DES AMIS DE L'ABC

Toulouse, le 27 novembre 2006

L'association de spectateurs « les amis de l'ABC », réunie en Conseil d'administration, tient à exprimer sa consternation et sa colère après la réunion qui s'est tenue le mercredi 22 novembre 2006 entre les représentants des différentes collectivités territoriales et ceux du cinéma ABC.La responsabilité de ce nouvel échec incombe principalement à la mairie de Toulouse qui ne s'est pas départie d'une interprétation stricte de la loi Sueur, qui condamnerait, de fait, l'ABC.Pourtant, ce cinéma a toujours répondu favorablement aux exigences formulées par la mairie (restructuration associative, audit financier, 3 projets culturels successifs).Membre de droit du conseil d'administration de l'ABC, la mairie est bien placée pour en connaître la situation très précaire et sait très bien que chaque report de décision amène ce lieu historique de la culture à Toulouse un peu plus près de sa disparition.Au moment où le Casino verse 1,7 million d'euros pour les actions culturelles de la ville et où Toulouse prétend devenir capitale culturelle européenne en 2013, il nous semblerait intolérable que l'ABC, membre du réseau Europa cinémas, ferme ses portes faute de financements.

Une pétition est disponible sur http://www.amisdelabc.info/petition.php

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12/10/2006

«LE(S) JEUNE(S) HOMME(S) ET LA MORT»

XINUM : «formation à géométries variables autour d’un directeur artistique : Sergio Piterbarg» présentait le 8 et 9 décembre 2006, à la MJC Roguet - Toulouse (qui accueille en résidence permanente le projet artistique XINUM) sa dernière création, «Modal Insight» 2.

Sergio Piterbarg s’est entouré cette fois du pianiste italien Stefano Genovese, du baryton Pierre-Yves Binard et du danseur-chorégraphe Pierre Meurier.

Une salle à penne remplie avec 35 personnes environ, a découvert un trio (Sergio Piterbarg n’étant pas sur scène) d’une grande inventivité, pour un spectacle d’une démarche très contemporaine.

La salle s’ouvrait pour un «échauffement» musical : 3 cercles de lumière avec 1) le pianiste assis devant son piano à queue, déjà lancé dans une composition simple accompagnant 2) le baryton Pierre-Yves Binard, au milieu, dans des vocalises qui évoluaient entre ce qu’on pourrait décrire comme un échauffement et des sonorités qui rappelaient parfois le Brésil, 3) un corps allongé par terre, que petit à petit se remet sur ses pieds, dans une attitude apparemment distante, mais surveillante.

Le public est tout de suite captivé par l’expressivité de Pierre-Yves Binard, qui s’engage dans une «parafernalia» sonore qu’il accompagne avec son corps et visage. Sa belle voix de baryton se montre également à l’aise dans des registres plus aiguës, et a une flexibilité qui lui permet de jouer dans des styles très différents. Son interprétation engagée nous touche par sa sincérité et sa fraîcheur généreuse.

Pierre Meurier surgit petit à petit de l’ombre, pour la reprendre à nouveau. Sa figure filiforme, paraît sortir directement des films d’animation de Tim Burton «L’Étrange Noël de Mr Jack» ou «Les Noces Funèbres», et il se balade avec des gestes de ses longues mains créant des liens entre les deux musiciens et l’espace noir qui les entoure.
Ces mêmes mains qui parfois esquissent des positions qui nous ramènent à des mudras.
Sa présence, qui souvent frôle le macabre, contraste avec cette fraîcheur du chanteur qui est dans une attitude frontal et ouverte face au public, pendant que le danseur, concentré sur l’espace scénique, tisse des liens, comme des toiles d’araignée, tel la figure de la mort. Figure sombre qui se promène, s’approche, hésite, s’éloigne, se rapproche et alors effleure ou touche franchement un de ses compagnons, parfois avec une réaction de leur part, parfois non… mais sa présence paraît manipuler l’évolution du spectacle tel la main de Dieu (ou de Sergio Piterbarg)…

Les sons deviennent autres, par le biais de logiciels, dispositifs informatiques et interfaces sensorielles qu’on devine, Sergio Piterbarg est présent, et son spectacle se déroule en composition éphémère et interactivité en temps réel.

Stefano Genovese utilise, avec maîtrise, son piano comme un xylophone, et le public reste dans la recherche et compréhension de ces nouveaux sons… accompagnés par la voix toujours féconde d’inventivité de Pierre-Yves.

Le «banquet» musical se poursuit autour du piano, ou les trois interprètes explorent ses multiples possibilités sonores, dans une image qui fait penser à trois âmes autour d’un sarcophage grand ouvert.
Pierre Meurier, assis au piano, s’aventure alors dans un échantillon de travail de voix, que nous aurions aimé voir plus développé (mais finalement les musiciens ne ce sont pas beaucoup aventurés dans le mouvement non plus).

Le détail, qui est donné au public de voir les mains de maître des musiciens manipuler les entrailles sonores du piano via le reflet dans l’intérieur de son couvercle ouvert, est magnifique.

Pierre Meurier sort de scène, et plus tard Pierre-Yves et Stefano le suivent, pour lui laisser la place. Il entame alors un solo danse-son (par des interfaces sensorielles).
Ses compagnons le rejoignent plus tard pour un trio parlé (le danseur reste silencieux au milieu, parlant avec ses mouvements amples qui relient encore les autres deux interprètes, dans une espèce de manipulation des énergies), et humoristique : Pierre-Yves nous parle de son repas exotique et épicé de la veille, de sa difficulté de faire le lit le matin, de ses troubles de communication… pendant que Stefano, dans son italien natal va d’une note à six notes et se«plain» des interférences de son collègue danseur qui s’agite le frôlant de prêt avec ses extrémités… jusqu’à que le noir les gagne.

Un spectacle riche en couleurs, malgré les costumes noirs et la pénombre omniprésente (qui pour cela donne une impression ténébreuse), qui amène la musique contemporaine au public, en toute accessibilité.
La multidisciplinarité est en suprématie… et espérons que la transdisciplinarité se développe davantage dans l’évolution du projet de XINUM.

Si vous n’avez pas eu la possibilité d’assister à «Modal Insight» 2, vous avez encore l’opportunité de vous rattraper :
«Modal Insight» 3, les 8, 9 et 10 mars 2007/20h30 à la MJC Roguet - Toulouse
«Modal Insight» 4, en mai 2007
Concert Xinum, en juin 2007

Contacts : prodij1@free.fr; xinum.evi@gmail.com
http://www.mjcroguet.com/; http://www.electropole.net/

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NOUVEAU OBJECTIF

Ce blog est né avec l’objectif de créer des liens, des rencontres… bon, on peut toujours rêver et se dire que nous les artistes sommes d’avantage dans la générosité et dans l’altruisme !!!
Oui, je sais je suis un rêveur !
Bon, j’aime écrire, et j’aime écrire sur ce que je vois.
J’essaye de voir quelques spectacles, et comme souvent un des manques dans le domaine de la danse (mais pas que) ce sont les journalistes qui écrivent sur notre travail (ou parce qu’ils ne se déplacent pas souvent, ou par manque de connaissances dans le domaine).
J’ai donc décidé de contribuer, et d’ouvrir le blog à toute contribution – dans tout domaine : arts du spectacle, expositions… en donnant quelques lignes à qui cela puisse intéresser.
Je sais que, personnellement, il me manquent souvent des retours après un spectacle : c’est quand même à travers les critiques constructives, les différentes opinions et points de vue qu’on avance !
Alors à vos plumes !

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12/06/2006

« Fraternités »

Communiqué – Invitation

« Fraternités »

Artistes en situation de précarité économique et travailleurs en grève à VW Forest se rencontrent le jour, la nuit, depuis le 27 novembre 2006 pour construire, ensemble, des « Fraternités » en images, en sons, en lectures, en interventions, en musique…

Soirée / Performance publique ce samedi 9 décembre 06 de 18h à 24h au Centre International de Formation en Arts du Spectacle.

Adresse et information
Centre International de Formation en Arts du Spectacle
Rue de l’Escaut 60
1080 Molenbeek-Saint-Jean
Belgique
Tél. 02 502 54 27
cifas1@swing.be - www.cifas.be

Métro Belgica ou Ribeaucourt

Programme de 18h à 24h

Atelier Cifas - VW Forest :
- Projection des images tournées par les artistes en atelier au Cifas avec les travailleurs en grève de VW Forest à l’usine et à la manifestation nationale du 2 décembre

- Lectures de textes, interventions… par les artistes en atelier du Cifas et les travailleurs en grève de VW Forest

Susann, Faye, Marie, Clémence, Caroline, Omar, Nadia, Gerrit …

Jacques, Driss (harmonica), Davy, Angelo, Daniel, Eric, Marc, Olivier, André, Jean-Pierre, Patrice, Silvio, Philippe …

Concert :
- Bruno et Philou, chanson française (guitare et harmonica)

Lecture collective :
- Lecture collective du texte « Bouc et bourreaux » de Cécile Cozzolino par Gauvain, Emma et Anne

Projection de films :
- « Tot mijn laatste adem » de Gerrit Messian
- « Klinkaart » de Paul Meyer

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12/02/2006

Petit texte sur l'improvisation

L'improvisation est un outil de création.
La création artistique peut partir d'une idée, d'une envie, d'une rencontre, d'un concept...mais quand l'artiste passe à l'acte créatif, nous sommes dans l'improvisation.
Improvisation qui peut devenir, par la suite, écriture, structure ou composition.
Mais l'acte créatif reste un acte d'improvisation.
Puis il existent des méthodes de travail (en danse), qui travaillent avec l'improvisation, pas seulement comme un outil, mais comme objet artistique en soit: la «contact-improvisation», la «composition instantanée», la «composition en temps réel».
L'improvisation permet à l'interprète (dans son rôle de créateur final, "transmetteur" de l'oeuvre face au public) de vivre - et de faire vivre - réelement l'oeuvre d'art (chorégraphie, pièce de théâtre ou musique...), et de ne pas être dans une pure représentation ou exécution simpliste du travail demandé par l'auteur/chorégraphe/metteur en scène/compositeur...
Ça lui permet de vivre le moment, avec les conditions presentes, avec tous les imprévus qui peuvent arriver, tout en lui permettant de s'adapter et continuer l'acte interpretatif-performatif-artistique dans les meilleures conditions pour la juste présentation de l'oeuvre.

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