LA RÉALITÉ DE LA JEUNE CRÉATION CONTEMPORAINE
Lettre d'un chorégraphe contemporain à ses interprètes:
Très chères,
Malgré tous mes efforts et démarches par rapport à la concrétisation de la «Religieuse» (projet 2007), je n'ai pas de bonnes nouvelles: pour le moment je n'ai eu aucune réponse positive par rapport à des financements! :-(
La DRAC Midi-Pyrénées c'est non dès le début; et je viens de recevoir les résultats du Ministère de la Culture du Portugal (dont j'avais grand espoir) et de la Mairie de Toulouse, et c'est toujours non! Il manque le Conseil Régional (très peu probable) et le Conseil Général (dont je garde un petit espoir).
Je dois avouer que j'arrive un peu à bout de souffle! Je sais bien que je ne suis pas un chorégraphe «nouvelle vague fashion avant garde» (ça se saurait depuis 12 ans de créations), mais franchement face à beaucoup de trucs que je vois programmés dans des Festivals, je pense avoir du travail à proposer avec plus de contenu et intêret, mais bon! Peut-être que je ne suis pas assez bon lèche-culs ou que je ne couche pas avec les personnes qu'il faut LOL (suis toujours un romantique).
La réalité est que j'en ai marre de travailler avec les moyens du bord (les 2 créations de la compagnie Lua ont été assez basés sur la récup de matériels - je parle costumes et accéssoires, pas chorégraphiquement évidament), pour faire des trucs qui esthétiquement restent un peu dans le «vieillot». Et surtout, pour les difficultés professionnelles et sociales que je traverse moi même (RMIste luttant pour récupérer le statut d'intermittent), je ne peux pas accepter de faire travailler des artistes professionnels dans un système de bénévolat!
Donc je me retrouve avec une résidence pour commencer à travailler en juillet- août au Portugal, mais sans financement pour pouvoir vous rémunérer!
Je suis vraiment désolé, mais comme je ne sais même pas si la compagnie aurait assez d'argent pour payer au moins les déplacements et l'alimentation sur place, je me vois obligé d'annuler cette période de travail que je vous avais proposé! Je garde le petit espoir d'avoir une réponse de financement et qu'on puisse envisager une nouvelle résidence plus tard dans l'année, mais comme rien est certain je peux seulement vous dire d'accepter toute autre proposition professionnelle, puisque les «Lettres de la Religieuse portugaise» restent pour le moment sans réponse.
Vous me voyez bien triste et déçu, puisque travailler avec vous, partager les démarches de la création, ça aurait été un plaisir immense... «Subventionnez-moi» a été tout de même un moment dûr, puisque travailler tout seul, sans conditions, sans avoir de retours, de discussions pour faire avancer et évoluer le processus est tout de même assez pénible! Et là, malgré les bons retours public (j'ai toujours des bons retours public, les gens qui me félicitent en disant que c'était assez surprenante la démarche qui mélange danse, théâtre, etc, pour créer une forme inhabituelle de spectacle vivant, les gens qui me remercient de ma générosité et talent, et qui me poussent à continuer... - mais les programmateurs ne suivent pas), je me vois encore une fois démuni de moyens pour poursuivre la création 2007... et ben, on verra bien: ce que viendra, viendra... et je pense toujours à vous, interprètes extraordinaires que je n'oublie pas et que j'espère faire travailler bientôt!
Je vous embrasse très fort,
Diniz Sanchez
COMPAGNIE LUA
Libellés : Art et Culture, Français, Social, Spectacles
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