«LE(S) JEUNE(S) HOMME(S) ET LA MORT»
XINUM : «formation à géométries variables autour d’un directeur artistique : Sergio Piterbarg» présentait le 8 et 9 décembre 2006, à la MJC Roguet - Toulouse (qui accueille en résidence permanente le projet artistique XINUM) sa dernière création, «Modal Insight» 2.
Sergio Piterbarg s’est entouré cette fois du pianiste italien Stefano Genovese, du baryton Pierre-Yves Binard et du danseur-chorégraphe Pierre Meurier.
Une salle à penne remplie avec 35 personnes environ, a découvert un trio (Sergio Piterbarg n’étant pas sur scène) d’une grande inventivité, pour un spectacle d’une démarche très contemporaine.
La salle s’ouvrait pour un «échauffement» musical : 3 cercles de lumière avec 1) le pianiste assis devant son piano à queue, déjà lancé dans une composition simple accompagnant 2) le baryton Pierre-Yves Binard, au milieu, dans des vocalises qui évoluaient entre ce qu’on pourrait décrire comme un échauffement et des sonorités qui rappelaient parfois le Brésil, 3) un corps allongé par terre, que petit à petit se remet sur ses pieds, dans une attitude apparemment distante, mais surveillante.
Le public est tout de suite captivé par l’expressivité de Pierre-Yves Binard, qui s’engage dans une «parafernalia» sonore qu’il accompagne avec son corps et visage. Sa belle voix de baryton se montre également à l’aise dans des registres plus aiguës, et a une flexibilité qui lui permet de jouer dans des styles très différents. Son interprétation engagée nous touche par sa sincérité et sa fraîcheur généreuse.
Pierre Meurier surgit petit à petit de l’ombre, pour la reprendre à nouveau. Sa figure filiforme, paraît sortir directement des films d’animation de Tim Burton «L’Étrange Noël de Mr Jack» ou «Les Noces Funèbres», et il se balade avec des gestes de ses longues mains créant des liens entre les deux musiciens et l’espace noir qui les entoure.
Ces mêmes mains qui parfois esquissent des positions qui nous ramènent à des mudras.
Sa présence, qui souvent frôle le macabre, contraste avec cette fraîcheur du chanteur qui est dans une attitude frontal et ouverte face au public, pendant que le danseur, concentré sur l’espace scénique, tisse des liens, comme des toiles d’araignée, tel la figure de la mort. Figure sombre qui se promène, s’approche, hésite, s’éloigne, se rapproche et alors effleure ou touche franchement un de ses compagnons, parfois avec une réaction de leur part, parfois non… mais sa présence paraît manipuler l’évolution du spectacle tel la main de Dieu (ou de Sergio Piterbarg)…
Les sons deviennent autres, par le biais de logiciels, dispositifs informatiques et interfaces sensorielles qu’on devine, Sergio Piterbarg est présent, et son spectacle se déroule en composition éphémère et interactivité en temps réel.
Stefano Genovese utilise, avec maîtrise, son piano comme un xylophone, et le public reste dans la recherche et compréhension de ces nouveaux sons… accompagnés par la voix toujours féconde d’inventivité de Pierre-Yves.
Le «banquet» musical se poursuit autour du piano, ou les trois interprètes explorent ses multiples possibilités sonores, dans une image qui fait penser à trois âmes autour d’un sarcophage grand ouvert.
Pierre Meurier, assis au piano, s’aventure alors dans un échantillon de travail de voix, que nous aurions aimé voir plus développé (mais finalement les musiciens ne ce sont pas beaucoup aventurés dans le mouvement non plus).
Le détail, qui est donné au public de voir les mains de maître des musiciens manipuler les entrailles sonores du piano via le reflet dans l’intérieur de son couvercle ouvert, est magnifique.
Pierre Meurier sort de scène, et plus tard Pierre-Yves et Stefano le suivent, pour lui laisser la place. Il entame alors un solo danse-son (par des interfaces sensorielles).
Ses compagnons le rejoignent plus tard pour un trio parlé (le danseur reste silencieux au milieu, parlant avec ses mouvements amples qui relient encore les autres deux interprètes, dans une espèce de manipulation des énergies), et humoristique : Pierre-Yves nous parle de son repas exotique et épicé de la veille, de sa difficulté de faire le lit le matin, de ses troubles de communication… pendant que Stefano, dans son italien natal va d’une note à six notes et se«plain» des interférences de son collègue danseur qui s’agite le frôlant de prêt avec ses extrémités… jusqu’à que le noir les gagne.
Un spectacle riche en couleurs, malgré les costumes noirs et la pénombre omniprésente (qui pour cela donne une impression ténébreuse), qui amène la musique contemporaine au public, en toute accessibilité.
La multidisciplinarité est en suprématie… et espérons que la transdisciplinarité se développe davantage dans l’évolution du projet de XINUM.
Si vous n’avez pas eu la possibilité d’assister à «Modal Insight» 2, vous avez encore l’opportunité de vous rattraper :
«Modal Insight» 3, les 8, 9 et 10 mars 2007/20h30 à la MJC Roguet - Toulouse
«Modal Insight» 4, en mai 2007
Concert Xinum, en juin 2007
Contacts : prodij1@free.fr; xinum.evi@gmail.com
http://www.mjcroguet.com/; http://www.electropole.net/
Libellés : Critique, Français, Spectacles
1 Comments:
La description du spectacle donne envie de le voir.
By Anonyme, at 1/29/2007 5:24 PM
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