TENDANCE SM
« (…) Comme je l’ai expliqué dans mon livre*, le sadomasochisme est, par essence, une pratique «de résistance», par rapport aux normes établies par la société.
Les rapports sociaux sont des rapports de pouvoir, des rapports hiérarchiques où chacun tente de dominer l’autre, comme dans le théâtre de Brecht.
La pratique sadomasochiste introduit le désordre.
Une femme assujettie à son époux ou à son patron se découvre un pouvoir et une puissance exaltants auprès d’hommes capables de ramper à ses pieds. De même, un homme macho et autoritaire dans ses relations sociales peut se transformer en chien dans ses relations SM.
Imaginons un seul instant que des maîtresses se promènent dans la rue avec leurs esclaves tenus en laisse, et que ce soit des hommes politiques ou des chefs d’entreprise, des hommes mariés, des pères, etc. Evidemment, pour une femme dominatrice, c’est un fantasme ultime, mais pour la société c’est une remise en question totale de ses fondements.
Le sadomasochisme permet à chacun, hétéro, homo ou bisexuel, de choisir son rôle (dominant, dominé), son genre (homme, femme, androgyne, transsexuel(le), créature). Cette liberté est subversive dans une société qui exige des personnes une identité claire, une appartenance, un rôle bien marqué.
Michel Foucault a bien expliqué comment les rapports de force impliquent à chaque moment une relation de pouvoir. Et comment la relation de pouvoir renvoie à un champ politique dont elle fait partie.
D’après lui, le pouvoir avait mis en place un dispositif de sexualité où la loi de tout plaisir est le sexe. Et pas n’importe quel sexe, celui pour la procréation.
Il croyait en la possibilité d’inventer de nouvelles formes de plaisir, de relations, de coexistences, de liens, d’amour et d’intimités. (…)»
Mona Sammoun
*«Tendance SM – essai sur la représentation sadomasochiste», ed. La Musardine
Extrait de l’article paru dans LES INROCKUPTIBLES Nº 452-454 (Nº Spécial SEXE)
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