BEAUTÉ ÉTRANGE
Le 2 et 3 février 2007 le Festival «C’est de la Danse Contemporaine» a eu l’honneur d’accueillir au Théâtre Garonne les dernières représentations de «Régi» de Boris Charmatz.
Cette pièce, pour 3 interprètes et 2 machines commence par installer une ambiance d’angoisse curieuse, comme une promenade en forêt la nuit, ou un film d’horreur.
Dans une presque pénombre une machine fait son travail, jusqu’à amener vers soi des corps inertes, avec lesquels se délivre à une danse insolite d’ascension et descente.
Cette danse est continuée par Raimund Hoghe, dramaturge, écrivain, metteur en scène et chorégraphe bien connu de la scène actuelle, qui prête cette fois-ci son corps étrange à l’interprétation.
Finalement libérés, les 2 corps se séparent (ont-ils jamais été vraiment ensemble ?), et Julia Cima, que le public toulousain a pu voir dans la dernière édition du même Festival avec l’époustouflant «Visitations», est absorbée par l’autre machine, qui l’oblige à une danse de chute, dont elle est la «victime consentante», et qui nous offre une esthétique du corps indépendante de sa volonté. Encore un tour vertueusement conceptuel joué par Boris Charmatz, enfant terrible de la danse contemporaine française.
Entre-temps, lui même se libère aussi de ses vêtements, et c’est dans une danse minimaliste d’intimité entre les corps si différents de Boris et Raimund que «Régi» prend son sens.
La sensualité humaine de ces corps masculins nus en avant scène, l’un d’une beauté classique, l’autre d’une esthétique étrangère (d’exclusion ?) à notre «société de perfections», contraste avec la violence machinale à laquelle est soumis ce corps féminin vêtu de noir en fonds de scène.
Si dans «Régi» Boris Charmatz revient «à un dispositif plus traditionnel», le résultat est loin de l’être, et cette pièce est une expérience bouleversante où (comme dit le programme) «Une fois de plus en marge des démarches convenues, Boris Charmatz traque la chorégraphie dans des zones inconnues où le corps, nostalgique d’une présence perdue, lâche un peu de son histoire la plus enfouie.».
www.cdctoulouse.com
Libellés : Critique, Français, Spectacles
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