Artistes et Créatifs/Artistas e Criativos/Artists and Creatives/Artistas y Creativos

2/03/2007

QUARK 5 ÉTOILES

Si dans le panorama actuel du spectacle vivant nous avons l’impression que nous vivons une période de crise, qu’il n’y a rien de nouveau et que les recettes des compagnies de succès s’épuisent : allons découvrir le PROJET DE QUARK !
Collectif toulousain composé par Séverine Astel, Joke Demaître, Sébastien Lange, Renaud Serraz, Thomas Wallet, Romain Mercier et Alexandre Bugel, «comédiens, techniciens, metteurs en scène formés il y a quelques années à l’Atelier de Recherche et de Formation du Théâtre National de Toulouse».
Le 26 et 27 janvier 2007 ils on présenté «Étape #2», à l’issu d’une résidence de création au Théâtre Garonne.
Partant de textes contemporains, De Quark développe un spectacle de génie où il «préfère explorer les marges, les croisements et laisser les spectateurs construire leur propre histoire». Et ça ne rate pas : nous voilà embarqués dans un voyage duquel on ne sortira pas indemne !
Ayant comme partenaires Cisco Berchenko (musicien), Élodie Lefebvre (plasticienne), Sophie Laffont (costumière), Jack (ingénieur son) et Danielle Marchais (administration), De Quark construit un spectacle enveloppant, sensible, intrigant et hilare !
Étant obligés de traverser la scène pour gagner nos sièges, nous apercevons, sans plus, une installation suspendue en hauteur de 4 poupons de taille humaine. C’est après, quand le texte «Glaces» de Thomas Bernhard commence en voix off, qu’on se pose la question si ces poupons à la «May B» (pour le public de danse, une ressemblance entre ces poupons difformes, aux traits vieillis, et l’œuvre emblématique de Maguy Marin est indéniable – mais à part le génie de la démarche, les ressemblances s’arrêtent là), sont une simple installation plastique ou s’ils sont habités ?
Et cela nous intrigue tout le long du texte, qui devient presque un support secondaire qui soutien notre curiosité et concentration, jusqu’au moment où le «marchand de glaces» arrive et les tue un par un.
L’énigme s’éclaircit, mais la sensation de «c’est incroyable !» reste.
Avec des transitions mises en scène et à vue, notre intérêt ne décroît pas, bien le contraire, et le public reste en suspens dans une curiosité concentré qui nous domine tout le long du spectacle.
«Face au mur» de Martin Crimp, met en scène un monologue dialogué, dans la difficulté de l’apprentissage d’un texte (que ceux qui font du théâtre, ou qui l’ont fait connaissent bien), dans ce qui est encore une excellente idée pour nous faire traverser un texte dramatique de façon allégée, créant avec le public une complicité, pour faire revivre la tuerie du collège de Colombine aux Etats-Unis.
Puis suit «Dors mon petit enfant» de Jon Fosse, texte qui pourrait sembler long et lourd, mais qui nous plonge dans un espace intergalactique, où les étoiles sont des indications de sortie, mais d’où on comprend ce n’est pas possible sortir : «On est là depuis toujours…» dit un des comédiens invisibles, «Toujours, ça n’existe pas.» lui répond une autre… et nous partons à la dérive avec eux, flottant dans ce grand néant sans gravité.
Pour fermer avec clé d’or : «La Fête» de Spiro Scimone, met en scène 3 des comédiens du PROJET DE QUARK, comédiens exceptionnels, que avec des scénographies simples et intelligentes nous embarquent encore avec eux (on les suivrait les yeux fermés !) dans une histoire familiale loufoque, où la mère est à la fois maîtresse dominatrice et dominée, point central de ce triangle mère - père - fils.
L’humour et le jeu des comédiens sont tellement francs, que nous nous trouvons à faire la fête avec eux, inconditionnellement !
La salle était debout (du moins une bonne partie spontanée) pour saluer cette équipe prometteuse.
Une qualité qui mérite les meilleures salles du pays et de l’étranger !
Un talent de génie que nous espérons revoir bientôt sur les planches !
Bravo et bravo encore !

http://www.theatregaronne.com

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