MENSONGES, TRUCAGES ET «DÉJÀ VUS»
«Le spectacle dont vous êtes le héros» de la compagnie Androphyne, présence de nos voisins d’Aquitaine au Festival «C’est de la Danse Contemporaine», pourrait bien s’appeler aussi «Le spectacle dont vous êtes la victime».
Dans cette pièce nous trouvons tous les ingrédients pour faire une création très contemporaine : de la musique live de bonne qualité, de l’interaction avec le public, des interprètes pluridisciplinaires, de la prise d’images en direct, des télévisions, des micros, des belles lumières, du matériel scénographique en grande abondance, du vin (de Bordeaux ?) et même un verre de cidre offert en toute convivialité à la fin du spectacle… mais la recette ne prend pas toujours, et malgré certains moments plus ou moins réussis, «Le spectacle…» dure 1h40 et on s’ennuie pas mal !
Dans une atmosphère assez informelle (qui frôle parfois l’amateurisme), les jeunes chorégraphes Magali Pobel et Pierre-Johan Suc créent une espèce de patchwork sans queue ni tête, où rien n’est vraiment approfondi, ni développé, et que même une équipe intéressante d’artistes hétérogènes ne peut soutenir pendant l’extrême longueur du spectacle.
Eddy Crampe – musicien – avec Jean-Michel Noël – technicien de talent, même au moment où il faut bouger son corps – et Éric Bernard – comédien multi facettes – ont le mérite de créer des moments musicaux de grande intensité.
Carole Bonneau, malgré son curriculum impressionnant, nous laisse, d’une vague ressemblance avec Victoria Abril, la conviction que ce n’est qu’une vague ressemblance, puisque Carole n’a décidément pas hérité des talents de comédienne de Victoria. Dans un sur jeu hystérique constant (peut-être cela est fait exprès… alors peut-être qu’une collaboration avec un metteur en scène capable de faire de la direction d’acteurs serait envisageable…), nos regards terminent pour se détourner vers Anne-Cécile Massoni, l’autre interprète féminine de la pièce.
Anne-Cé (comme l’appellent sur scène ses camarades) est une danseuse sensible, d’une physicalité intéressante et d’une théâtralité juste, que nous trouvons sous-exploitée.
Ivan Fatjo, danseur de grande stature et gestuelle étrange, est celui à qui Magali Pobel dit, dans son unique intervention scénique que «ça va pas», qu’«il faudrait plus de danse» !
Pierre-Johan Suc, au contraire de sa partenaire chorégraphe, est plus présent sur scène, mais à part une exception, ces présences laissent très peu de traces sur le spectateur (malgré quelques bonnes idées, aussi sous-exploitées).
Cette exception est Éric Bernard : du début à la fin il a une présence continuellement bizarre, mais pertinente, et son moment de texte au micro reste un des points forts du spectacle. Un texte qui passe du coq à l’âne avec une virtuosité pleine d’humour, et que dans son «non-sens» donne du sens au «non-sens» incongru de cette pièce.
Avec 1h40 pleine de trucages et de «déjà vus», «Le spectacle dont vous êtes le héros» laisse des avis partagés, et l’image d’une jeune compagnie prometteuse, à laquelle nous avons envie d’accorder le bénéfice du doute…
Affaire à suivre…
http://www.androphyne.com/
http://www.cdctoulouse.com/
Libellés : Critique, Français, Spectacles
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