LA (jeune?) DANSE EST UN SPORT QUI SOUFFRE (et ennuie !)
Ce dimanche 11 mars 2007 a eu lieu au Théâtre Municipal d’Albi le concours Solo Mio, tremplin danse organisé par l’Athanor, Scène Nationale d’Albi et le Centre de Développement Chorégraphique de Toulouse/Midi-Pyrénées, qui permet à des jeunes chorégraphes de présenter au public et à un jury de professionnels leur première création.
Le jury cette année était composé de Mark Tompkins, chorégraphe de la compagnie IDA et émérite personnage franco-américain de l’improvisation en danse, qui en été à juste titre le président, Danièle Devynck, conservateur du Musée Toulouse-Lautrec à Albi, Nathalie Auboiron, chargée de mission danse de l’ADDA du Tarn, Jean-Jacques Mateu, metteur en scène de la Petit Bois Cie. et Aurélie Savy, étudiante au CUFR Jean-François Champollion à Albi, représentant le public.
Le rideau s’ouvre sur Carla Macau, 23 ans, candidate catalane présentée par l’Institut del Teatre de Barcelone, qui danse «UVA», chorégraphie de Miquel Barcelona. Pendant 13 minutes Carla interprète une danse d’objets, qui comme elle, gigotent sans raison apparente. Une jolie danseuse qui a bien exécuté ce que l’on a demandé. Malgré la belle image de début, «UVA» n’est que ça : des successions d’images sans fil conducteur, sans logique, sans fluidité… des subterfuges pour une danse académique qui se base sur une théâtralité exagérée et démodée. «UVA» («raisin» en français) prends son titre des raisins que l’interprète mange, sans qu’on comprenne pourquoi, à la fin de ces 13 infinis minutes d’une inintéressante chorégraphie.
«JAMAIS DES JAMBES», chorégraphié et interprété par Jung-Ae Kim, coréenne de 24 ans établie à Paris, nous montre une danse dense, peut-être un peu longue (15 minutes), mais qui a des choses à dire. Jung-Ae propose une fluidité de mouvement et une théâtralité qui permettent de lui attribuer une filiation dans les courants de la danse contemporaine française (Jung-Ae, danse, entre autres pour Odile Duboc/CCN de Franche Comté, et a fait la formation ex.e.r.ce du CCN de Montpellier/Mathilde Monnier). Une jeune chorégraphe potentielle, qui malgré un choix de costume minimaliste (et peut-être pas le meilleur) affirme sa présence, mais qui apparemment n’a pas marqué le jury.
Ce suit «AVEX KIALA», petite bouffée d’air frais «à la française», chorégraphié et interprété par Lucie Lataste, toulousaine de 28 ans, qui nous apparaît comme une Amélie Poulain de la danse, et qui pendant 13 minutes nous propose une chorégraphie gestuelle. Cela est intéressant, malgré une esthétique un peu vieillie (et qui se veux intemporelle), mais le propos (la danse est développé à partir de la langue des signes) n’évolue guère, et ça reste dans une agitation ou l’énergie est la même du début à la fin.
«TAUREAU – EN QUÊTE D’UN AUTOPORTRAIT» de la chorégraphe et interprète turque Özlem Alkis, 29 ans, encore une candidate institutionnelle, cette fois du CNDC d’Angers, est une déambulation nonchalante où nous avons l’impression que l’action se passe surtout dans la tête d’Özlem, puisque au public manquent des pistes pour comprendre ou même être captivé par cette gestuelle fluide mais inaccessible.
Bérangère Quillard, 30 ans, habitant Toulouse, a proposé «AUTOROUTES A11, A6» (titre provisoire). 15 minutes de Rock&Roll sur une danse débridée et une narrative engagée. Bérangère arrive avec une attitude de rebelle révoltée, qui dévoile d’emblée toute la dramaturgie d’«AUTOROUTES», et qui condamne la pièce à un decrescendo d’intérêt. Sa théâtralité, sur jouée et criée n’arrange pas les choses, et rend souvent sa narrative incompréhensible. Une installation sonore intéressante qui ne compense pas la linéarité de cette énergie «rebelle» qui termine par nous fatiguer. Une danse partant de cette même énergie «rebelle» mais qui ne se croise pas avec le texte ou la musique, donnant origine à une pièce pluridisciplinaire, mais où les disciplines ne se mélangent pas.
Un travail avec potentiel, un potentiel à nourrir de nuances… nuances qui pourraient amener toute une nouvelle dimension à ces «AUTOROUTES».
«THE FUCKING PART» met en scène Yann Gibert, seul chorégraphe et interprète du sexe masculin à se présenter au Solo Mio. Ce jeune danseur français de 25 ans, habitant le Portugal, fait une proposition originale (la seule de cette édition de Solo Mio !) avec son «THE FUCKING PART». Pendant 9 minutes il nous suggère par la parole les mouvements qu’il pourrait faire, avançant et reculant dans l’espace et ce plaçant toujours dans la même position, debout face à nous. Si au début, à la surprise initiale se suit le questionnement: ok, et alors, où tu veux en venir ?, on termine par se laisser emballer par la magie de la suggestion des mots et on voit Yann danser. D’autant plus qu’à la sensation d’être pris au piège initiale, se suit l’amusement de cette performance culotté où ne manque pas l’humour. Au moins nous aurons pu apprécier une proposition aboutie, même si le vocabulaire n’était pas celui de la danse, mais était sans doute celui du corps, et du langage le plus contemporain de la soirée !
Mais le jury a décidé autrement et c’est Sara Martinet, toulousaine de 24 ans qui a été la lauréate de cette édition de Solo Mio, avec son «LE BAIN». Ce «BAIN» commence avec l’angoisse de la danseuse exprimée pitoyablement par des phrases au sol qui auraient pu être des exercices pris de n’importe quel cours de danse contemporaine… Sara, une interprète du mouvement, danse ses révoltes prenant son corps comme bouc émissaire, caché derrière un visage inexpressif qui se cache à son tour derrière ses cheveux. Une danse souffrante qui nous rappelle quelques chorégraphes des années 90. Le manque d’originalité de cette chorégraphie s’aggrave avec l’utilisation scénique de la baignoire (cachée derrière un tissu au début, que la danseuse/chorégraphe enlève pendant un noir fait exprès pour cela, et qui marque la 2ème partie de la pièce!). Cet objet devient, nous ne savons pas pourquoi, puisque le début ne laissé prévoir rien en rapport avec «LE BAIN» (malgré le titre), le centre de toute action, et si Sara l’utilise de façon virtuose, cela ne suffit guère, puisque la succession de mouvements et d’images ne priment point par son originalité… même le moment d’humour (que nous dirons : malgré la volonté de Sara) est vécu avec gravité - les lunettes de piscine, suffisent peut-être à faire rire le public, mais surtout pas à affirmer une nouvelle donné chorégraphique ou dramaturgique.
Si «LE BAIN» de Sara Martinet n’était peut-être pas la chorégraphie la moins intéressante de cette édition du Solo Mio, elle n’était pas non plus, ni du point de vue de la chorégraphie, ni du point de vue de l’interprétation, ni du point de vu de la recherche du mouvement, ni du pont de vu de l’originalité du propos, la création la plus contemporaine, pertinente, originale ou aboutie de la soirée.
Restent à questionner les paramètres de sélection (et présélection) – nous avons du mal à croire que ce tremplin réunissait un échantillon représentatif de la jeune création française, européenne ou mondiale !
www.athanor.asso.fr
www.cdctoulouse.com
Libellés : Critique, Français, Spectacles
13 Comments:
Bonjour,
Je trouve l'initiative de prendre le temps de réaliser une revue de ce tremplin très intéressante.
Cependant, je vous trouve très dur envers ces jeunes danseurs, et particulièrement arogant au regard de la jeune création.
Cordialement,
By Anonyme, at 3/13/2007 6:11 PM
Bonjour,
Je trouve très bien de parler de cet événement de façon aussi complète et de prendre le temps.
En revanche, je vous trouve très dur avec les danseurs et je trouve votre ton très arrogant.
De plus, je trouve très surprenant le parti évident pris que vous avez de favoriser votre ami Yann. Cela décrédibilse malheureusement une bonne partie de votre opinion.
Cordialement,
By Anonyme, at 3/13/2007 7:13 PM
Bonjour aux deux anonymes (qui sont peut-être qu'un, puisque le message est très ressemblant), je comprends votre point de vue quand vous me trouvez très dur dans mes critiques, mais je trouve que j'ai essayé tout de même de faire sortir aussi les points positifs de ces spectacles. Quant à l'arrogance face à la jeune création, permettez-moi de ne pas être d'accord. Je suis un des premiers à la défendre (vous n'avez qu'à lire d'autres articles du blog, nottament la «Lettre de contestation à la DRAC»). J'essaye d'apporter un regard réaliste (mais qui n'engage que moi). Ces jeunes danseurs/chorégraphes ont entre 23 et 30 ans. Moi j'en ai 32, et je m'intègre aussi dans la «jeune création». À 24 ans j'ai aussi passé un concours chorégraphique (la plateforme portugaise de Bagnolet)et une commission portugaise avait jugé mon travail (qui était très experimental)tellement nul qu'ils m'ont conseillé d'arrêter la chorégraphie! Et je suis toujours là - je ne danse peut-être pas encore au Théâtre de la Ville, mais je continue de développer mon travail. Ce que je reproche à cet événement c'est de primer un travail qui n'est pas exemplificatif de la jeune création contemporaine (je coutoie aussi des jeunes danseurs et je vois leur créativité), et que le «prix» de Sara Martinet n'est qu'un illusion face aux difficultés du métier issus des organismes et institutions qui normalement devraient être là pour soutenir la (jeune) création...
Quant à un hypotétique favoritisme, là encore je dois être complètement en desaccord: Yann n'est pas un ami, mais un collègue, comme Bérangère Quillard, Jung-Ae Kim, et même Sara Martinet que je connais de vue. Si Yann avait presenté un mauvais travail je l'aurait aussi critiqué, mais ce n'est pas le cas, et ce que je critique d'avantage c'est la complaisance d'un jury. Si je peux comprendre que la proposition de Yann ne soit pas lauréate (puisqu'il fait ce qu'on pourrait appeler de la «non-danse» - même si la «non-danse» est une présence habituelle dans nos salles de spectacle et subventionnée par nos institutions publiques et privées)je trouve inacceptable qu'on donne de l'espoir à une jeune danseuse qui présente un montage chorégraphique à la mode des années 90 (nous sommes tout de même en 2007), sans aucun intêret et surtout sans aucune recherche d'innovation.
En tant que créateur, je préfererais qu'on écrive de façon «dûre» sur mon travail, que de ne rien écrire. C'est à travers la critique qu'on peut évoluer, sinon nous restons convaincus de notre génie/médiocrité, complètement éloignés de la (dûre)réalité du métier!
Merci de vos commentaires.
By Spicy Tutuboy, at 3/13/2007 9:34 PM
Bonjour,
Monsieur Sanchez, vous pensez que la non-danse a une forme et un propos original ? Revoyez votre Histoire de la danse... Aujourd'hui en danse contemporaine il n'y a pas grand chose d'original, et c'est malheureux de critiquer négativement des danseurs qui aiment le mouvement et qui ont le sens de l'écriture. Quest-ce que l'originalité ? Faire partie d'une mouvance n'est pas très original. Aujourd'hui, la plus part des évênements de danse se ressemblent tous !Il n'y a pas qu'une forme de danse, il existe des danses contemporaines. C'est dommage de s'enfermer dans un seul point de vue. L'important est que des jeunes artistes puissent s'exprimer et apprendre leur métier. Après le public suit ou pas. Chercher à être original c'est s'exclure. Et pourquoi tout classer ? Les artistes s'ils le sont vraiment peuvent être influencés par leur époque, mais ne cherchent pas à faire "genre danse d'aujourd'hui. et puis c'est une question de goût. j'ai déjà vu Sara Martinet danser, elle a un vrai talent, elle peut tout faire. C'est une vrai danseuse. Il ne faut pas tout mélanger, il y a le théâtre gestuel, la danse sous toutes ses formes, la performance, chacun peut y trouver son compte. Je suis simplement d'accord avec vous sur le fait que le niveau général de solo mio 2007 était relativement moyen. Bonne continuation.
By Anonyme, at 3/18/2007 1:47 PM
Bonjour,
Madame, Monsieur l'anonyme.
Je suis ravi de finalement trouver des commentaires aux articles de ce blog. Et de voir tant d'adeptes et défenseurs de la jeune création.
Je ne pense pas du tout que la non-danse en générale a une forme et un propos original.
Je trouve que ces catalogations sont ridicules, et je peux autant m'ennuyer dans un spectacle de non-danse comme dans un spectacle de oui-danse!
Ce qui me touche ce sont les propos qui sont affirmés, soutenus, explorés et développés, dans des démarches de qualité, et peu m'importe si le spectacle en question se passe dans un grand Théâtre ou sous un chapiteau!
Je suis d'accord avec vous quand vous dites qu’«Aujourd'hui en danse contemporaine il n'y a pas grand chose d'original», mais si je critique ces jeunes danseurs ce n'est pas parce qu'ils «aiment le mouvement et qui ont le sens de l'écriture» (j'ai un peu mes doutes quand à ce dernier point), comme vous le suggérez, mais tout simplement parce que j’ai trouvé qu’au lieu d’être dans une démarche chorégraphique personnelle, la plupart d’entre eux n’ont fait que reproduire des schémas qui nous sont connus de tous, et qui sont donc bien repérables dans les mouvances de l'Histoire de la Danse…
Je pense que l’objectif d’un tremplin comme celui-ci devrait être de montrer des nouvelles tendances, de stimuler la jeune création (qui est quasi totalement exclue du système de subventions français), et surtout pas de primer des vieilles formes, même si présentées par des jeunes danseurs. Mais cela n’est qu’une opinion personnelle !
Je suis tout à fait de votre avis quant aux variétés des danses contemporaines, et je pense que là est l’atout de la danse contemporaine, dans sa non conformité de catalogation !
Vous me demandez ce que c’est l’originalité ? Je peux peut-être vous apporter mon humble point de vue : pour moi l’originalité c’est quand le travail est issu d’une démarche individuelle et personnelle (bien sûr que cela peux exister aussi dans le travail collectif, en tant que rassemblement d’individus), et le fait que cette démarche s’inscrive dans une «mouvance» n’est qu’accessoire… dans l’Histoire de l’Art les «mouvances» sont issus des ces mouvements individuels qui ont fait école, alors pourquoi l’Histoire de la Danse devrait faire autrement ?
Vous dites «L'important est que des jeunes artistes puissent s'exprimer et apprendre leur métier.» Je partage votre avis, mais le tremplin SOLO MIO n’a apparemment aucun objectif pédagogique - il n’y a pas de retour qualitatif du jury à chaque participant, pas de séances de «coaching» avec un chorégraphe professionnel ou toute autre suivi du sort - du moins que je sache. Donc ce n’est qu’un concours de jeunes chorégraphes, où, comme vous dites, ils ont la possibilité de s’exprimer, au même niveau que toute autre compagnie ou créateur, jeune ou non… alors pourquoi l’hypocrisie de la complaisance ? Je suis désolé mais je pense être préférable de leur faire une vraie critique (même négative) sur laquelle ils pourront choisir de construire ou non (l’intérêt des critiques est bien là : les prendre ou pas et quoi faire avec !).
Il n’y a pas d’intérêt à chercher être original, cela est une démarche voté à l’échec… mais de développer une démarche personnelle : oui, avec toutes les expérimentations que cela implique !
Quand iront les jeunes créateurs essayer des nouvelles choses ? Quand ils ne seront plus si jeunes et qu’ils seront au pouvoir d’un centre chorégraphique ? Permettez moi d’exprimer mes doutes quant à cela !
Je suis encore complètement d’accord avec vous quand vous dites que les artistes «peuvent être influencés par leur époque» (je dirais même qu’ils le doivent, et aussi qu’ils ne doivent surtout pas oublier leur héritage socioculturel), et c’est bien là qu’il se trouve le problème : si ces jeunes danseurs étaient au courant de ce qui se passe à leur époque, ils devraient penser deux fois avant de refaire du «années 80» ou du «années 90», où même du plagiat d’autres artistes contemporains. Peut-être sont-ils victimes d’une naïveté explicable par leur jeunesse, leur manque de formation au niveau de l’Histoire de la Danse, ou leur manque de possibilité pour aller voir les créations contemporaines qui se jouent actuellement dans nos salles de spectacles.
Je suis aller voir «L’antichambre» de Frédéric Jollivet, 3 jours après le SOLO MIO, et je savais aller voir Sara Martinet en tant que danseuse, mais ce que j’ai pu voir c’était que «Le Bain» de Sara, qui a gagné le concours 3 jours avant, n’était qu’une adaptation d’extraits de cette pièce ! Peut-être que c’est Sara qui l’a chorégraphié, mais pour moi, en tant que public, je ne le sais pas (puisque dans chaque programme la chorégraphie est attribuée à un auteur différent)… donc cela pose même des graves problèmes au niveau de l’attribution d’un auteur à cette chorégraphie ! Surtout que Sara pouvait se présenter avec une chorégraphie d’un autre chorégraphe – comme l’a fait la candidate catalane !
Après je n’ai pas forcément envie de discuter des talents de Sara, puisque je la connais assez peu. Ce que j’observe c’est qu’elle est une danseuse avec une forte formation, et que c’est cela qu’on voit quand elle bouge : un corps bien entraîné (qui travaille peut-être un peux trop en force et dans la volonté – ce qui est normale pour une jeune danseuse). Après si Sara me demandait ce qu’elle avait a travailler pour s’améliorer, en tant que chorégraphe, je le dirais (là encore cela n’engage que moi) qu’elle devrait travailler sur son expression, son interprétation… puisque ce que je ressens en la voyant danser, c’est un corps plein de force et énergie, mais sans beaucoup de nuances et peu d’expression personnelle. Je dirais que Sara Martinet est une bonne danseuse, mais pas encore une vraie interprète (mais ça viendra avec l’âge, sûrement).
En tout cas elle reste toujours la gagnante de ce tremplin 2007 et vous pouvez la revoir dans plusieurs salles de la Région.
Merci encore de votre commentaire et bonne continuation à vous aussi.
Diniz Sanchez
By Spicy Tutuboy, at 3/18/2007 4:42 PM
Bonjour, je viens de lire attentivement la réponse que vous m'avez faite. nous sommes d'accord sur pas mal de point de vue. En revanche, j'ai trouvé amusant que vous pensiez que Sara Martinet a une formation solide. Je la connait assez bien et j'ai pas mal suivi son parcours. Sara a appris à danser toute seule, elle a juste expérimenté une formation professionnelle d'un an à Toulouse. C'est une fille intelligente mais ne connait pas la télévision, le cinéma, l'histoire de la danse, et tt cela est tout nouveau pour elle. Aujourd'hui, je sais qu'elle apprend à s'ouvrir davantage, et à être moins sauvage. Je l'ai vue dans d'autres créations personnelles, et vous auriez changé d'avis quant à l'expression et l'interprétation. Le style en était aussi tout différent. Sara est une danseuse instinctive et danse où bon lui semble quand bon lui semble. Elle exerce son art et c'est tout. Pour ma part, je me fiche pas mal des année 80 et 90, on le sait il y a des références, l'engagement corporelle est d'une autre nature. Sara comme d'autres trouveront leur chemin. Je préfère encourager des talents bruts qui vont s'élever.
Quel a été votre formation de danseur ? Connaissez-vous des ateliers de recherche sur le mouvement ? Les différents moteurs du corps ? Les sentiments qui impliquent technique et lacher prise ?
En tout cas s'engager ou non dans des formes et espaces différents du corps est déjà un engagement quelle que soit l'histoire de chacun. Les artistes apprennent tout au long de leur vie, et les concours comme les évênements de toutes sortes ne sont que des étapes, il faut prendre du recul, ne pas être trop atif quand à la critique qui n'est que subjective. la critique est intéressante mais sert la plus part du temps à se situer soi-m^me et rarement à situer l'autre. Cette conversation epistolaire me ravi. A bientôt.
By Anonyme, at 3/23/2007 4:00 PM
Bonjour Monsieur ou Madame l'Anonyme.
Ravi de notre échange, je me présente: je suis Diniz Sanchez, danseur et chorégraphe portugais habitant Toulouse.
J'aimerai savoir avec qui je parle...
Au plaisir de vou relire.
By Spicy Tutuboy, at 3/26/2007 12:15 AM
Bonjour Monsieur Sanchez, Je serais ravi de vous rencontrer. J'ai certainement beaucoup à apprendre en vous rencontrant. ("C'est d'un chic"). J'aurais dû me présenter.
Frédéric Jollivet.
By Anonyme, at 3/26/2007 2:31 AM
Bonjour,
Je comprends mieux maintenant: vous connaissez très bien Sara, donc c'est normal que vous ayez toutes ces informations concernant son parcours. Je ne peux parler que de mon «feeling» en tant que spectateur... donc votre avis est, sans aucun doute, beaucoup plus complet.
Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais nous avions faillit nous rencontrer, puisque je vous avais envoyé mon cv, quand vous cherchiez un danseur pour votre création (mais vous l'aviez déjà trouvé - et je vous félicite pour votre choix!).
Nous avons toujours beaucoup à apprendre des autres. Comme dit Azzedine Alaïa: «on n'atteint jamais la perfection, voilà pourquoi il faut continuer à travailler».
Au plaisir de vous rencontrer
By Spicy Tutuboy, at 3/26/2007 9:49 AM
Bonjour,
Je souhaite vous donner quelques clefs pour comprendre ce qui fait de ce concours un évènement aussi criticable, et qui pose en même temps de vraies questions sur la danse : tout d'abord, pour avoir été moi-même sélectionnée à cette finale, je peux vous dire qu'il n'est pas du tout représentatif de la danse d'aujourd'hui, comme vous le déplorez, tout simplement parce que très peu de personnes ont participé à la sélection. Cela dit, les conditions d'organisation mises en place par le cdc sont tout a fait nulles : pas de régisseur de coulisse pour gérer et informer les passages des soli, pas de présentation des participants entre eux, pas de présentation du jury aux interprètes et encore moins au public, et pas de retours d'aucune sorte. Pour ma part, en venant du théâtre - et signant le solo "rafraichissant", assez vieillot et s'essouflant - j'ai été assez surprise d'être sélectionnée pour un tremplin qui, comme il m'a été dit par la suite, privilégiait la "technique". Si vous souhaitez découvrir de nouvelles tendances, ce ne sera donc sans doute pas dans ce lieu là du cdc, qui inhibe la recherche et ne prend pas de risques dans sa programmation. Pour revenir sur vos remarques, je travaille sur un fil d'écriture instantanée que je n'ai pas l'impression d'avoir dérobé à aucun chorégraphe, et si j'ai de nouvelles choses à tenter, ce ne sera pas au cdc car l'atmosphère qu'il y règne ne pousse pas, ne soutient pas, n'encourage pas, ne s'engage pas. Si je reconnnais que je me suis complètement ratée ce jour là c'est certainement parce que ce que je recherche dans l'écriture instantanée doit naître et vivre dans l'instant. Aucun concours d'aucune sorte et aucun jury technicien ne saura laisser naître sous ses yeux de telles choses, en tous cas je n'y ai pas réussi. Ce que je crois : continuer le chemin vers de vraies rencontres, celles où l'on se présente et où l'on pratique ensemble sur le même terrain, en espérant qu'il ne mène pas vers des endroits où l'on vous empêche, par le simple poids de l'histoire et de ce qui a été fait avant vous, d'être tout simplement vous mêmes, là où vous êtes. merci pour votre lecture,
lucie.
By Anonyme, at 4/03/2007 10:30 PM
Merci de votre commentaire Lucie,
Pour ce qui concerne le CDC, je ne peux qu'accepter et vous remercier pour votre témoignage, qui décrit un tableau encore plus noir de ce que j'avais imaginé!
Vous êtes trop dûre avec vous même: la composition instantanée est un outil tellement intéressant qu'aléatoire... mais je me permet de vous conseiller de rencontrer la «Composition en Temps Réel» de João Fiadeiro (chorégraphe portugais) - www.re-al.org.
Pour moi c'était une révélation, même si je n'adhère pas tottalement aux esthétiques de ses créations, ce que je retire de sa méthode pour mon travail est précieux!
Pour revenir à ce que «Solo Mio» représente, je pourrais peut-être faire un lien avec la MIMAP (Mostra Informal de Materiais e Processos), organisée par le Forum Dança - www.forumdanca.pt - au Portugal (à laquelle e participe cette année): c'est une rencontre informelle, un moment de présentation de matériaux et processus de travail, pour jeunes chorégraphes. Pendant 2 mois nous avons la possibilité de répéter dans le studio du Forum Dança (gratuitement), dans la limite des disponibilités. Nous sommes suivis par un chorégraphe et un théoricien (dans une espèce de coaching), et à la fin nous montrons le résultat face à un public professionnel.
Je dirais qu'en France nous avons toutes les conditions mais il est pratiquement impossible de les atteindre, tant que dans des pays moins riches et avec moins de tradition de soutien à la culture, la générosité et la bonne volonté sont là pour nous aider à avancer, même quand les conditions manquent!
Pourquoi une fois en haut de l'échèlle on oublie les difficultés subies pour y arriver et on n'essaye pas de faire autrement pour ceux qui veuillent aussi monter à l'échèlle, en leur facilitant la tâche?
By Spicy Tutuboy, at 4/04/2007 12:12 AM
Bonjour,
Merci pour le lien vers RE.AL, source à puiser, il y a apparemment des écrits sur cette composition en temps réel, à lire. Pour le lien vers la MIMAP, je crois que c'est en effet de telles rencontres dont nous avons besoin!
ps : nous ne sommes pas obligés de monter à cette échelle qui modifie la mémoire. Chez deleuze, il existe le concept de rhizome, où les choses créent des réseaux comme des racines entre elles, et vous verrez qu'à la place du système pyramidal, d'autres sont possibles! ("mille plateaux").
cordialement,
lucie
By Anonyme, at 4/04/2007 11:17 AM
Je parlais d'échèlle comme métaphore d'évolution, mais il est vrai que dans notre culture nous avons trop l'idée d'ascension hierarchique...
Bien à vous
By Spicy Tutuboy, at 4/04/2007 12:10 PM
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