Message de l'assemblée générale des intermittents et précaires de Midi-Pyrénées
"Bonsoir,
Je suis ici pour vous dire, vous laissant rêver à ce que vous venez de savourer, qu'un jour tout cela aura du mal à exister; qui sait bientôt?
Alors patience, prenez un moment pour écouter ce texte: un théâtre, petit ou grand est constitué, toujours, de permanents et d'intermittents, d'ici et d'ailleurs les genres se croisent, la richesse de l'offre grandie sans cesse pour combien de temps ?
la création est un mouvement perpétuel, il ne faut pas qu'il s'arrête.
Nous voulons aujourd'hui vous faire part des menaces qui pèsent sur nous et notre avenir social et professionnel à travers ce qu'il est convenu d'appeler l'intermittence.
Aujourd'hui le régime est remis en question violemment aussi bien par le Medef que par certains syndicats peu ou pas représentatifs de la profession.
En seule réponse à nos luttes, certains partenaires sociaux ont en effet entériné jusqu'à la conclusion d'un nouvel accord, un protocole injuste, mis en place pour la première fois en 2003. Ce protocole ne diminue pas le déficit injustement imputé à nos métiers. Au contraire, il l'augmente. Il coute 43% plus cher que le protocole précédent. L'iniquité de ce nouveau système permet aux plus riches de toucher de véritables « primes de fortune » payées par les Assedic (ne serait ce pas là la vrai logique gouvernementale) et renvoie les plus fragiles ( les jeunes, les nouveaux arrivants, les structures culturelles artisanales et bien d'autres...) vers la précarisation et la radiation définitive (en 2004 près de 10000 intermittents ont été radiés et 17000 ont été repêchés par le fond transitoire).
Cette logique qui tend à instituer dans nos métiers une sorte d'« apartheid social » ou une culture à deux vitesses, nous inquiète quant à nos capacités de continuer nos chemins d'artistes. Mardi dernier, les partenaires sociaux se sont réunis pour mettre en place une nouvelle réforme.
Le Medef a fait une proposition inacceptable qui accentue très fortement tous les effets déjà extremment néfastes et dévastateurs du protocole de Juin 2003. C'est pourquoi aujourd'hui nous avons besoin de vous et de votre solidarité.
Des personnalités politiques, des syndicats et des professionnels se sont réunis depuis 2003 au sein d'un comité de suivi à l'assemblée nationale. Ce comité a élaboré une proposition de loi relative à la pérennisation du régime d'assurance chômage des professions du spectacle, de l'audiovisuel et du cinéma, soutenue par une majorité de parlementaires de tous bords.
Cette loi attend d'être déposée à l'assemblée pour enfin imposer un cadre juste de réforme aux négociateurs de l'UNEDIC.
En votre qualité d'élu, de responsable politique ou culturel, de spectateur et de citoyen, nous vous demandons d'intervenir auprès des instances responsables pour que soit examiné rapidement ce projet à l'assemblée nationale.
Autour de ce problème spécifique de l'intermittence se jouent les grands enjeux culturels. Aujourd'hui vous ne pouvez pas nous laisser seuls face aux Assedic et au gouvernement.
Si nous partageons les mêmes désirs d'une culture portée par une vision critique du monde, d'une pensée en mouvement et d'un futur plus humain, nous ne pouvons pas laisser au seul secteur rentable et marchand la responsabilité des arts et de la culture.
Que le pays paye ses artistes, nous pourrions tous en être fiers !
Notre problème est aussi le vôtre !
Il y va de votre liberté, de votre indépendance, du choix que vous ferez, pour vous et pour vos enfants, de ne pas être abreuvés que de mensonges, de propagande, d'émotion facile et de publicité.
Si les plus fragiles d'entre nous disparaissent c'est la société entière qui sera amputée d'une partie de son âme.
Des actions vont avoir lieu dans les jours qui viennent car les partenaires sociaux se réunissent à nouveau le 22 février et doivent finaliser leur travail le 8 mars.
Elles seront à la mesure des risques que nous encourons et de la solidarité que vous nous témoignerez.
Mais quelqu'elles soient, sachez qu'elles ne sont jamais dirigées contre vous.
« Créer, c'est aussi difficile que d'être libre ! »
Elsa Triolet.
L'assemblée générale des intermittents et précaires de Midi-Pyrénées"
Texte reçu par mail, de la part de Marie-Pierre Genard
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