VOS PAPIERS!
Ça contrôle sec en ce moment dans le métro, à la sortie des écoles, dans les salles de concerts... A croire que nous sommes en pleine période de troubles à l'ordre public. D'où vient cet affolement? Aurait-on peur en haut lieu que les pauvres se révoltent? Remarquez, il est normal que certains s'affolent car pourquoi des gens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté depuis plusieurs générations sont si nerveux, pourquoi s'énervent-ils, pourquoi n'ont-ils aucun sens civique. C'est vrai ça... «C'est parce qu'on subit le racisme, l'exclusion, l'acculturation que l'on doit s'énerver», dit le Monsieur dans sa Porsche...
Mais ne nous éloignons pas de notre sujet. Nous ne devons évoquer que l'éssentiel de la Culture au Pays des Paradoxes», alors est-ce que ces problèmes sont ceux que doit traiter un journal comme le nôtre? Nous pensons que la solidarité, l'enseignement, le lien social, le partage sont des notions qui définissent la Culture. Et très honnêtement, n'y a-t-il pas chez nous un grave problème culturel: une campagne électorale sans programme, des affirmations aussi stupides qu'irréfléchies peuplent les ondes des radios et TV aussi bien que les colonnes des journaux... A croire qu'une élection se déroule comme une opération promotionnelle dans une grande surface: un produit, un slogan et on avance les palettes pour que les «boeufs» se jettent sur le nouveau produit pas cher... Seulement, une collectivité c'est autre chose... la gestion de la chose publique est plus compliquée qu'un plan comptable. Il faut savoir quand on a des responsabilités: pourquoi on est là et pour qui on travaille?
Nos candidats, tous sans distinction d'étiquette semblent l'avoir oublié... Des plus idéalistes aux plus corporatistes, ils sont inquiétants par leur manque de sérieux. C'est dommage parce que cette fois le plein d'inscrits pour le vote s'est fait... Le peuple s'intéresse à son destin mais lui laisse-t-on le choix? La grande question dans les bistrots c'est «Voter d'accord. Mais pour qui? Pour quoi?».
Alors dans la Culture il reste la création, elle permet au moins de retrouver le sens, le lien social, le «vouloir vivre commun» nécessaire à toute démocratie. C'est pour cette raison que nous n'évoquons pas ce genre de problème dans nos colonnes afin d'aider tout un chacun dans notre région à trouver chaussure à son pied dans les lieux de Culture pour sortir, voir les «autres», prendre en compte d'autres propositions, pour avancer vers plus d'humanité et moins de vanité, vers plus de sens et moins de vacuité. Mais au fait est-ce que le monde de la création ne fera pas en premier les frais de telles lacunes? Les intermittents et la liberté d'expression ne sont-ils pas devenus des problèmes réels qui peu à peu érodent ce secteur où perduraient encore quelques voi(x)es pour progresser vers tout simplement plus de... Bonheur. Dans notre prochain numéro nous vous parlerons à ce sujet d'un groupe punk qui ne peut plus jouer dans notre région parce que la scène locale a décidé de devenir politiquement correct. Aurait-on tellement peur de la subversion que 4 musiciens habillés de cuir noir et portant des pin's soient perçus comme un danger? L'image provoque plus de crainte que les faits... Bizarre? Non, très tendance au contraire. Tout comme la campagne anti-rap (qui pour certains groupes pourrait se comprendre) qui est étrangement orientée contre des gens qui enragent dans leurs ghettos alors que d'autres jeunes gens aux cheveux aussi courts que leurs idées menacent tout autant, sont aussi violents mais ont toujours droit de cité.
On sent une crispation. Est-elle due uniquement à une volonté violente de ces protagonistes ou tout simplement à un manque d'éducation, un manque de communication et une incompétence dans la gestion des problèmes de la collectivité? Dans ce cas, les états généraux de la Culturedoivent avoir lieu très vite car la citoyenneté, tout autant que la création, font partie de la Culture et nous devrions tous nous en rappeler avant qu'il ne soit trop tard.
En attendant Joyeuses Pâques, que vous pensiez que ce soit le petit lapin ou les cloches qui vous amènent des oeufs au chocolat. En espérant tout de même que les cloches aillent à Rome et évitent notre pays... des paradoxes. Suivez mon regard. MS
Article paru dans LA STRADA 68 (02 avril au 15 avril) , publication dédiée à «l'essentiel de la culture au pays de paradoxes» (dans le 06)
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